Introduction|Histoire|Personnages|Analyse|Création du film|Fiche technique|Gulliver|
Dans Nausicaä de la vallée du vent (et en particulier dans sa version manga) Miyazaki nous mettait déjà en garde face au danger du pouvoir que conférait la technologie, et le fait d'utiliser cette technologie tout en ignorant ses conséquences sur l'équilibre de l'homme et de la nature. Laputa, le château dans le ciel reprend ce message en changeant légèrement de point de vue. La technologie ce n'est pas seulement une histoire de guerre ou d'industrie, c'est surtout un objet de fascination. L'enfant y voit le jeu et la découverte, l'adulte le pouvoir et la fortune. On ne le comprend pas forcément mais on le veut, et cela à tout prix... Le problème, c'est qu'on ne prend pas le temps de regarder la facture. Miyazaki affirme qu'il ne fait pas de films pour faire passer des messages. Néanmoins, ces derniers émergent toujours naturellement. Evidemment, les thèmes qui lui sont chers sont traités en filigrane et ne prennent jamais le dessus sur l'histoire. Mais cette image d'un monde parralèlle au nôtre, au delà du divertissement et de l'évasion, interroge notre conscience et cherche à nous ouvrir les yeux sur nous-mêmes et nos actions. Laputa n'est pas un film anti-progressiste. Miyazaki n'est pas contre la technologie, mais seulement contre la foi aveugle que beaucoup ont en elle. En effet, la technologie ne peut pas résoudre tous nos problèmes, elle ne peut pas se substituer à nos racines, à notre lien profond avec la nature. L'histoire du royaume de Laputa est significative à cette égard. Créée par les Laputiens à une époque trouble de leur histoire, l'île flottante a d'abord été un moyen pour ses citoyens d'échapper aux conflits qui sévissaient à la surface de la terre. Dotant la cité d'un incroyable arsenal de guerre, les Laputiens sont devenus les maîtres du monde. Rien n'aurait pu remettre en cause la toute-puissance et la domination de ce luxuriant royaume. Et pourtant... il y a environ sept siècles, tout s'est désagrégé. Les Laputiens ont progressivement abandonné l'île pour revenir à un mode de vie plus sommaire, sur la terre ferme. Etait-ce une déchéance ou un choix délibéré? Quoi qu'il en soit, le résultat est là et le message est clair. Comme Sheeta l'expliquera à Muska:
Pourrons-nous comme Sheeta rejeter notre statut de consommateur et notre soif de domination pour redonner ses droits à la nature, et ainsi reconquérir une vie plus équilibrée et un avenir plus serein? Sur Laputa, sans les hommes, les robots-guerriers deviennent de simples "jardiniers" et des défenseurs ardents de la vie. Existe-t-il une plus noble utilisation de la technologie que de protéger la vie? Derrière la légende de Laputa, c'est bien notre monde à nous que Miyazaki met en lumière et dénonce. Un monde matérialiste qui mise tout sur la technologie et le pouvoir (les gens pensent maintenant conquérir la planète avec des ordinateurs), et qui perd le contact avec la Terre. Le réalisateur ne se dit pas très optimiste pour le siècle à venir car, selon lui, "il y aura toujours plus de tragédies humaines, les hommes ayant commencé à faire de plus en plus de choses stupides et dangeureuses". Le regard de Miyazaki est d'autant plus amer qu'il est lucide. Muska a raison lorsqu'il dit: "Laputa ne sera pas détruite. Elle va revivre. Le pouvoir de Laputa incarne le rêve de la race humaine". Ce rêve de puissance, Miyazaki nous montre comment il finira tôt ou tard. La nature reprendra ses droits que ce soit avec ou sans l'homme. L'arbre géant de Laputa(*) est la métaphore de la force vitale et regénératrice de la nature. Sa miraculeuse capacité à préserver ce qu'il y a de meilleur et de plus beau sur l'île n'est pas le résultat de la magie mais d'une place appropriée dans l'écosystème. Son espoir pour l'avenir, Miyazaki le place en la jeunesse, à condition qu'on lui apprenne ce qui rend le monde meilleur. C'est ce que le maître tente de lui enseigner dans des oeuvres comme Nausicaä ou Laputa, le château dans le ciel.
Troublant, non? ;-) |
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