La recette paraît assez simple : deux femmes assassins, perdues dans les méandres d'une société secrète internationale et séculaire dont la puissance risque de vaciller sous l'effet de dissenssions internes, une action installée dans des localité européennes, ce qui est plutôt rares dans l'animation japonaise, une bande originale excpetionnelle et originale, le tout condensé en 26 épisodes. Le résultat est tout bonnement étonnant : on en peut regarder Noir sans se prendre au jeu politique des organisations mafieuses en présence et au danger perpétuel qui planent au dessus des héroïnes.
Mais qu'est Noir exactement ? L'introduction de chaque épisode donne un début deréponse. Noir est un titre ancien, donnée à deux vierges qui règenent sur la paix des nouveaux-nées. C'est un message crypté, dont le sens est l'essence même de l'ensemble des mystères sous-jacents àla série
Noir est né du travail de Tsukimura Ryoei, co-créateur de El Hazard avec Hayashi Hiroki. Cette série semble être construite comme un immense exercice de style. Le générique rappelle ceux des films de James Bond et ce n'est pas sans raison : Noir nous présente un monde dirigé en sous-mains par de nombreuses organisations secrètes qui co-existent plus ou moins facilement. Il ya un peu du Nikita de Luc Besson dans les personnages et une peu de Le Professionnel de Georges Lautner dans les scènes d'action. On y retrouve tous les composants des films noirs du début du siècles : une conspiration politique mondiale (Altena veut devenir maître de Soldats), des héros en quête de leur identité , des méchants mitigés présentés sous un jour "humain"... Et la recette est efficace, l'intrigue est haletante, les rebondissements nombreux et souvent difficielement prévisibles, même si de nombreux indices sont disséminés ça et là dans chaque épisode.
Noir tourne tout d'abord autour de deux questions principales : qui est Kirika ? Mireille tuera-t-elle Kirika ? Mais au fur et à mesure des épisodes, la première interrogation prend le pas sur la seconde. L'intervention du personnage d'Intoccabile va même jusqu'à intégrer Mireille à l'énigme. Non seulement Kirika ne sait rien de son identité, mais Mireille aussi a des énigmes à résoudre concernant son passé. Le potentiel meurtre de Kirika par Mireille passe au second plan pour ne revenir que bien plus tard dans la série, quand Kirika, mise au courant de sa réelle identité, ira jusqu'à supplier Mireille de tenir sa promesse. Mais cette occultation de l'interêt premier de la série nourrira un rebondissement clé de la série. En effet, la magie du lien qui unit les deux héroïnes ne saurait-être sans ce contrat étrange entre les deux jeunes femmes. Si l'association des tueuses avaient été simplement professionelle, Soldats n'auraient pas eu ce rôle prédominant, et le mysthicisme autour de Noir aurait perdu de sa force.
Mais alors, me direz-vous, Noir n'aurait-il aucun défaut ? Ce n'est pas si simple. On peut reprocher à Noir un côté un peu trop manichéen. En effet, on a l'impression que les personnages des tueuses n'ont pas le choix : soit elles acceptent leur situation, soit elles l'a refusent, il n'y a aucun juste milieu. Cette acceptation peut être vue facilement dans la forme des yeux :
- Intoccabile a depuis son enfance des yeux éffilés. C'est une tueuse implacable, capable de tuer son père. Elle est du mauvais côté, elle meurt dans l'épisode 09.
- Shaori est toujours présenté avec le même type d'yeux effilés. Elle ne se pose aucune question sur son statut d'assassin, va jusqu'à tuer son ancien patron pour se vendre à Soldats. Elle aussi est du mauvais côté de la barrière. Elle meurt dans l'épisode 16.
- Mireille est en perpétuelle remise en cause. Elle prend une certaine distance vis-à-vis de son métier et se préserve des revers de médaille éventuels. Dans l'épisode 13, elle essaie de transmettre ce recul à Kirika en lui conseillant de ne pas s'attacher au peintre amateur. Ses yeux sont toujours les grands yeux des héroïnes japonaises, sauf quand elle remplit un contrat où ses yeux s'effilent. Elles sait faire la part des choses, elle est du bon côté : elle survit.
- Chloé semble disposer de deux personnalités. Lorsqu'elle est en mission, elle a les yeux effilés de la tueusemais lorsqu'elle est au manoir avec Altena ou qu'elle rencontre Kirika, elle a lecomportementd'une enfant et de grand yeux presque rond. Maisellen'éprouve pas de remord, elle n'a toujours vécue que pour devenir une tueuse : elle est du mauvais côté, elle meurt dans l'épisode 25.
- Kirika quand à elle a tout le long de la série de grand yeux rond sauf dans les épisodes 23, 24 et 25 où elle endosse la personnalité que lui a inculqué Altena. Le changement est radical au niveau de son regard et aucun doute n'est permis. Toutefois, Kirika a toujours voulu rejeter cette personnalité de tueuse (d'où son amnésie volontaire) et réussira à l'effacer complètement grâce entre autre à l'affection que lui porte Mireille. A cheval sur la barrière, elle finira par basculer du bon côté : elle survit.
On pourra aussi reprocher à la série quelques petites touches d'irréalisme, notemment quand Kirika réussit à tirer sur la lame d'Intoccabile à une distance de près de 200 m avec... un simple revolver !! Mais bon, pinailler sur les détails de combats n'est pas du meilleur goût, d'autant plus que si la série nous plonge dans un univers ultra-réaliste, quel est alors l'interêt de la regarder ? De plus, dans son ensemble, la série n'est pas crédible : qui pourraient croire que trois jeunes femmes de 20 ans environ peuvent être rompues à toutes les techniques de combat ? Qui pourrait croire, objectivement, qu'une gamine de quatre peut tuer de sang froid deux adultes, alors que rien que l'inertie du premier coup de feu devrait la faire voler sur le parquet ?
Quoiqu'il en soit, regarder la série Noir revient à admettre tous ces petits détails et à faire fi de l'irréalisme. En effet, on ne pourrait apprécier à sa juste valeur la série Love Hina sans admettre que oui, une gifle peut faire voler un jeune homme sur dix mètres. Il en est de même ici. Noir reste une série réussie qui se regarde d'un oeil gourmand.
|